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Porte plume et Mine de plomb

18 octobre 2017

J'irai cracher sur vos tombes - Boris Vian (1946)

Je dois avouer que je suis plutôt une lectrice de grands classiques. Abonnée aux Zola et autres Stendhal, mon univers était plutot fait de crinoline et de fiacres que de soucoupes volantes. Je n'ai découvert la littérature contemporaine que très récement, et même si je la dévore aujourd'hui, cela ne l'empêche pas de revenir aux classsiques de temps en temps. 

Il se trouve que j'aime particulièrement avoir un livre dans mon sac. Résidant et travaillant en bord de mer, je vais souvent déjeuner à la plage et j'aprécie de dévorer quelques feuillets de lecture après m'être sustenté de feuillets de verdure ... Cet été, dans mon sac donc, "J'irai cracher sur vos tombes" s'était glissé au milieu de la crème solaire et du maillot de bain.

vian

J'avais bien entendu parler de ce livre "scandaleux" lorsqu'en classe de 4ème mon professeur de français nous avait fait étudier "L'écume des jours", mais je n'avais pas osé le lire à l'époque.  13 ans c'est un peu jeune, mais l'histoire de la parution sous le pseudonyme de Vernon Sullivan m'était restée dans la tête ... Bien plus mature à présent, il m'est apparu comme une évidence le jour où, en mal de lecture de plage, je suis tombée dessus à la librairie du village. 

Synopsis : 

L'histoire se déroule dans le Sud-Est des Etats Unis. On comprend que Lee Anderson est un fuyard et qu'il chercher à se reconstruire une vie après un drame récent. Il essaie de se fondre dans un groupe de jeunes ges et de s'en faire des amis tout en leur vouant une haine inexpliquée. Il devient bientôt la mascotte du groupe et tient là sa vengeance. 

Au fur et à mesure de l'intrigue, Lee nous donne des indications le moment qui a fait basculer sa vie. Les informations sont distillées au compte-goutte jusqu'au dernières pages de l'ouvrage. Mélant sexe et scènes de débauches alcoolisées, ce roman qui a fait scandale à la fin des années 40 était sensé avoir été traduit d'un auteur noir américain par Boris Vian. Ce n'est qu'en 1947 et à la suite d'un procès détonnant qu'il reconnaîtra être l'auteur de ce livre. L'ouvrage s'était arraché à plus de 120 000 exemplaires la première année.

A l'aulne de ce qui peut être écrit de nos jours, "J'irai cracher sur vos tombes" a perdu selon moi sont coté très sulfreux. D'accord les scènes de débauche peuvent être crues et la fin de l'intrigue quelque peu remuante, mais on est loin du "Jessie" de Stephen King il me semble. Il n'en reste pas moins que le roman de Boris Vian reste très bien écrit, que l'intrigue est bien menée et que le suspens est maintenu au fil des pages. Pour faire bref, j'ai été ravie de lire ce classique que j'avais laissé de coté depuis tant d'années.

Et vous, est-ce que vous connaissez ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ?

 

 

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15 octobre 2017

Jean Rochefort - "Le Boloss des belles lettres"

Le grand acteur n'est plus et avec lui s'en va une part de mon enfance. Sa voix, c'était celle du conteur de Winnie l'Ourson dans l'émission Disney Channel sur FR 3, le bonheur de mes samedis soir de petite fille.

Juste en passant, et pour lui dire merci, un extrait du "Boloss des belles lettres".

LES BOLOSS des belles lettres : Roméo et Juliette #BDBL

12 octobre 2017

Dans ma pile à lire #1

pal

 

Prise d'une frénésie de lecture et rentrée littéraire oblige, ma pile à lire s'est récement alourdie ...

Dans un soucis de synthèse et surtout de réalisme quant au temps que j'ai à consacrer à la lecture, j'ai choisi de me concentrer sur ces quatres ouvrages prochainement.

Sans cela, je me connais, j'aurais craqué en plus sur les nouveaux romans de Dan Brown, Alexandre Jardin et de Bernard Werber ... Je relativise en me disant que Noël est proche et que pour une fois cette année, je ferai une liste !

Voici donc le contenu de ma pile à lire du moment :

"La Vengeance du Papillon" d'Eric-Emmanuel Schmitt (2017) chez Albin Michel

"La Part de l'autre" d'Eric-Emmanuel Schmitt (2001) chez Albin Michel

"Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en a qu'une" de Raphaelle Giordano (2015) chez Pocket

"Une colonne de feu" de Ken Follet (2017) chez Robet Laffont

 

Du bon en perspective, sachant que j'adore les romans historiques de Ken Follet, que j'aprécie EE Schmitt et que le roman de Raphaelle Giordano m'a été présenté comme un roman initiatique ... Voici mon cocktail idéal, je devrais me régaler.

Et vous, quels livres figurent dans votre pile à lire ? La rentrée littéraire vous donne-t'elle des envies ? Est ce que vous vous retenez vous aussi de dévaliser les librairies ?

Je vous souhaite une bone lecture !

 

11 octobre 2017

Autobiographie d'un amour - Alexandre Jardin (2001)

Cette semaine, j'ai lu "Autobigraphie d'un amour" d'Alexandre Jardin.

Jeanne et Alexandre sont mariés depuis 7 ans. Expatriés en Polynésie, ils vivent un amour asphyxié par la routine. Jeanne ayant attendu toute sa vie durant de vivre le grand amour est déçue du comportement de son mari. Alexandre quant à lui se lasse d'être une source perpétuelle de désappointement pour sa femme. La tentative de suicide de Jeanne et des révelations lues dans un journal intime va sonner le glas de ce mariage bancal. Alexandre disparaît sans laisser de traces.

Jeanne désespérée de la fuite de son mari choisi cependant de prendre la vie à bras le corps pour assumer le quotidien de ses enfants. 

Une rencontre vient boulverser sa vie. Alors qu'Alexandre l'avait prévenu de son prompt retour, c'est un homme semblable mais pourtant bien différent qui débarque de l'avion. Octave, le frère jumeau d'Alexandre se tient devant elle. Il est tout ce que son frère n'est pas. Aventureux, philosophe, compatissant. Il pousse Jeanne dans ses retranchements et la fait réfléchir à son statut de femme, à la nature de l'amour qu'elle aimerait vraiment vivre ... 

Un doute persiste pourtant chez Jeanne. A qui se confie-t'elle ? Alexandre ou Octave ?

 

Il y a peu de temps, grâce à l'un de mes proches, j'ai découvert l'éciture d'Alexandre Jardin. Personnage haut en couleur s'il en est, son écriture me ravit. 

J'ai commencé mon approche en visionnant "Fanfan", film tiré du roman du même nom et réalisé par Alexandre Jardin "himself" en 1993 avec la sublime Sophie Marceau et Vincent Perez. Certes le film est un peu daté mais l'histoire déroutante m'a interpellé. Je suis  pas du genre à aimer le romantisme dégoulinant ... Barbara Cartland et autres romans Arlequin, très peu pour moi. Cependant, j'étais piquée au vif, j'avais envie d'en savoir plus sur cet homme capable d'écrire des histoires si romanesques, parfois aux portes du burlesque, saupoudrées d'un brin de cynisme. J'ai eu l'occasion de me rattraper et de lire plusieurs de ses romans cet été en lisant "Juste une fois" (2014), "Le Zèbre" (1988) et "Autobiographie d'un amour" (2011).

Il y a toujours de l'inatendu chez Jardin. On se pose toujours la question de savoir où il nous embarquera. On part souvent dans des situations à la limite de l'ubuesque mais toujours pleines d'amour. Jamais je n'ai fermé un de ses livres sans avoir été touchée au fond de mon être. Comme si il savait décrire certains cotés de ma personnalité ou certaines de mes pensées mieux que moi-même.

Aujourd'hui sort en librairie son dernier roman, "Ma Mère avanit raison" édité chez Grasset. Après avoir écrit sur son père "Le Zubial" en 1995 et sur sa famille en 2005 , "Le roman des Jardins", Alexandre Jardin livre aujourd'hui un écrit inspiré par sa mère. J'ai hâte de pouvoir le lire. En attendant, on le retrouve demain soir dans "La Grande Librairie France 5

 

 

 

autobiographie d un amour

Autobiographie d'un amour - ALEXANDRE JARDIN - Gallimard - 2001

1 octobre 2017

Entrée en Scène

C'est le soir de sa grande première, ainsi en a-t-elle décidé. La décision est prise, c'est maintenant qu'elle ose se montrer. Aucune reculade possible, c'est comme si elle attendait dans la coulisse d’un théâtre que le rideau se lève. Elle avait rêvé de ce moment maintes fois, pensant en elle-même que le jour où elle y parviendrait seulement, elle se sentirait accomplie.

Cette étape a été difficile à franchir. Elle avait peur de se livrer. Et si elle n’était pas assez bonne ? Et si on se moquait ? Durant des années elle avait repoussé le moment où elle se mettrait à nu, se prétextant elle-même qu’elle devait encore y travailler, qu’elle devait mûri son projet. Certains de ses proches avaient descellé en elle cette capacité, au détour de sms envoyés pour marquer les grandes occasions de la vie.  Mais malgré les compliments pour sa plume adroite, elle n’osait même pas aligner trois mots sur du papier … Un matin pas fait comme un autre sûrement, elle s’était dit : « Pourquoi ne pas essayer ? ». Elle avait alors commencé timidement à coucher quelques phrases, quelques pensées.

Elle s’est alors mise à gratter du papier, tous les jours, plusieurs fois par jour, noircissant des kilomètres de papier. C’était devenu une drogue, elle en avait besoin pour se retrouver, pour se comprendre, pour devenir un meilleur elle-même. Les mots furent difficiles à venir au départ, ils s’enchainaient maladroitement. Puis de plus en plus, l’écriture est devenue fluide, elle sonnait de mieux en mieux à ses oreilles. Elle avait à son tour compris que oui, elle était capable elle aussi de mettre les mots en scène, de les articuler autour d’un thème, de leur trouver leur place exacte, incisive. Désormais, elle savait qu’elle ne s’arrêterait plus d’écrire, elle en ferait un exercice quotidien. Toujours à l’affut d’une nouvelle idée, d’une nouvelle tournure. Elle continuerait à apprendre des auteurs, perfectionnerait sa technique en lisant sans cesse, en s’inspirant, en décortiquant les figures de style. Cette fois, elle y est, elle est prête à se retrouver face à elle-même, prête à faire lire sa modeste prose …

Il lui semble entendre les discussions de l'autre côté du rideau de son théâtre imaginaire. Le brouhaha qui monte de l’orchestre au poulailler lui rappelle qu'ils sont tous venus pour elle. Les derniers retardataires s’installent encore. Les techniciens referment les portes de la salle. La pression monte, son cœur bat à présent à tout rompre. Mains humides et bouche sèche, souffle court et secondes trop longues. La chaleur est à son paroxysme. La moiteur due à la foule et aux projecteurs lui fait soudain réaliser à quel point la sueur qui perle sur son front est froide. Elle en est parcourue de frissons. Elle se sent à l’intérieur tendue comme une boxeuse prête à jaillir sur le ring mais ses pieds sont cloués au sol. Paralysée. Dernière tape sur l’épaule du coach : « Je crois en toi ». Croissement de regards. Force, détermination et peur.

La musique d’ambiance va diminuant jusqu’à s’éteindre complètement. De brèves conversations persistent encore quelques secondes puis finissent dans un murmure. Noir dans la salle, les trois coups du théâtre. Toussotements et raclements de gorge intempestifs. Silence.

Elle caresse une dernière fois le velours cramoisi du rideau, apprécie sa douceur sous les doigts et prend une grande inspiration. Elle attend dans une patience toute feinte que cette frontière de textile qui la séparait encore de sa destinée soit complètement relevée. Elle avance à pas feutrés et se place stratégiquement à l’avant de la scène, redresse la tête, relève le menton … Lumière.

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